Débats et recherches théoriques sur la question nationale
En abordant la question nationale, on sait que nos « ancêtres », en commençant par Marx, ont mené de grands débats qui ont continué lors des grandes révolutions du 20ième siècle et au-delà. Au Québec, dans le tournant des années 1960, la gauche québécoise a adopté la perspective « indépendance-socialisme » (le tiret entre les deux mots indiquant qu’il s’agissait, dans cette optique, d’une seule et même lutte). (suite…)
Jonathan Durant-Folco, Ekopolitica.info -12 février 2019
Le nationalisme n’est pas d’emblée démocratique, ni anti-démocratique, bien qu’il prenne aujourd’hui certaines formes franchement autoritaires. À l’ère de la montée des droites autoritaires, il devient commun à gauche de rejeter le nationalisme en bloc, en l’associant immédiatement au conservatisme ou à l’extrême droite. Ce réflexe anti-nationaliste, qui cherche à se prémunir contre les dérives droitières, contribue à réduire le nationalisme à sa forme caricaturale. Chaque simplification nourrit son contraire, dans un double processus de guerre culturelle concernant la glorification ou la disqualification de l’identité nationale.
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Eric Blanc, Avanti, 16 juin 2014
Une mise en perspective à partir des régions périphériques de l’empire tsariste nous oblige à repenser de nombreuses hypothèses largement répandues sur les révolutions de 1905 et 1917, ainsi que l’évolution des analyses marxistes sur la libération nationale, la lutte paysanne, la révolution permanente et l’émancipation des femmes. Cet article analyse les débats marxistes sur la question nationale jusqu’en 1914. J’y soutiens que la stratégie du marxisme anti-colonial qui s’est finalement imposée fut élaborée pour la première fois par les marxistes des nationalités périphériques de l’empire tsariste, et non par les bolcheviques.
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Paru en 1968, le livre qu’on ne présente plus de Pierre Vallières est sur le plan de la culture populaire, un incontournable, si l’on veut comprendre la genèse du Québec moderne et de sa fragilité. Il n’a pas la qualité historiographique et la profondeur intellectuelle de l’œuvre d’un Fernand Dumont, mais au même titre que le poème Speak White de Michèle Lalonde, le concept métaphorique de nègres blancs d’Amérique, transposé directement des luttes anticoloniales et étatsuniennes pour les droits civiques, a permis au peuple québécois de nommer et s’approprier la lutte contre la domination anglo-canadienne dont l’Église catholique québécoise était la complice et la garante. Cette domination a été véritablement traumatisante. Son énonciation émancipatrice.
« Ce qui est meurtrier, c’est de définir son identité contre l’autre » (Amin Maalouf) Je ne crois pas être nationaliste. Je ne fête ni le 1er, ni le 14 juillet, ni la St-Jean. Mais j’exulte quand les Bleus gagnent la coupe du Monde de football et quand les États-Unis sont battus par le Canada au hockey. Un peu chauvin alors ? En même temps, le sport n’est-il pas un excellent remède à la guerre ? Alors, devrions-nous avoir une équipe québécoise de soccer sur les modèles écossais, irlandais ou gallois plutôt que d’affirmer notre Nation à l’aide d’une chasse aux sorcières musulmanes ? Si le chauvinisme sportif se pratique avec fair play, à l’inverse, les exemples historiques de nationalisme transmué en bête immonde ne manquent pas.
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Au Canada, les termes Indiens et premières nations, tout comme sauvages, autochtones et indigènes, sont des désignations politiques à usage variable, dont les emplois se créent et se règlent au sein de la relation coloniale entre l’État et les peuples autochtones. Il est alors question d’assignation, d’appropriation, de contestation, de reconnaissance, de négociation, d’affirmation. Comme le lexique des rapports coloniaux est symptomatique de ces relations elles-mêmes, il faut relire son utilisation chez les peuples autochtones à partir de cette situation historique politiquement équivoque.
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Premier ministre d’un gouvernement qui allait tenir un référendum sur l’indépendance du Québec, René Lévesque organisa en 1978 une rencontre de plus de 100 chefs des Premières Nations avec des membres importants de son conseil des ministres. Ce texte vise à présenter l’évolution de la politique du Parti québécois (PQ) sur la question du droit des peuples autochtones depuis les discussions tenues en 1978 jusqu’à la politique du nouveau chef, Jean-François Lisée. Celui-ci, dans un livre publié en 2015, explique ce que devrait être la politique de son parti dans l’éventualité d’un prochain référendum.
Définitions et traits caractéristiques
Originellement constitué à partir de différentes expériences militantes visant à confronter des manifestations d’extrême droite à Montréal, le collectif Montréal Antifasciste s’est principalement attaché au cours des deux dernières années à documenter et à révéler au grand jour les différents mouvements et organisations qui mettent de l’avant des croyances et des politiques d’exclusion plus radicales que ce que proposent généralement les programmes de la droite « classique ». (suite…)
Comment peut-on encore vouloir la révolution ? L’indignation ne suffit pas à occulter un siècle de révolutions, de passions politiques et d’illusions perdues. La philosophe Isabelle Garo propose de polariser la réflexion sur le noeud du problème : les transitions et les médiations pour passer d’un ordre social à un autre.
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Panagiotis Sotiris, extraits d’un texte paru dans Ruptures 25 janvier 2018
L’évolution récente de l’élection de Donald Trump au Brexit jusqu’à la tension croissante entre les États-Unis, la Russie et la Chine, se présentent comme des manifestations d’une vaste crise de la « mondialisation » et d’un tournant dans l’impérialisme moderne. Plusieurs parlent même de « fin de la mondialisation ». Par un autre chemin, on présente aussi ces changements comme un tournant vers un nationalisme exprimant une mentalité d’assiégés. Dans ce qui suit, je vais essayer de réfléchir sur ces questions, mais aussi de suggérer ce que ces changements impliquent en ce qui concerne la stratégie de la gauche radicale. J’insisterai en particulier sur la nécessité d’un nouvel anti-impérialisme fondé sur une révision des notions de peuple et de souveraineté populaire.
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